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études-coloniales

23 juin 2012

Algérie, le bilan 50 ans après (26 juin à Lyon)

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Algérie, 1962-2012 : un bilan possible ?

 

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Meynier 50 ans après

 

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22 juin 2012

prélèvements sanguins forcés en Algérie en 1962

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Une commémoration occultée :

les décès causés par les prélèvements

sanguins forcés

à la fin de la guerre d’Algérie

Grégor MATHIAS

 

Dans le «sang des disparus d’Algérie en mai-juin 1962 – un drame oublié de la guerre d’Algérie» paru dans la revue d’histoired’Outre-mer (1), je faisais état de l’existence d’un document de la sécurité militaire de la Légion étrangère du 13 juillet 1962 n°SP.87.581 (2) relatant l’enlèvement d’un légionnaire le 8 mai dans les environs d’Oran et le prélèvement forcé de son sang à quatre reprises pour les besoins médicaux des hôpitaux du FLN à Oran.

Cette étude était complétée par un second article «Les vampires à Alger, Oran et Tlemcen (avril-juin 1962) : Une rumeur de la guerre d’Algérie ?» paru en 2011 sur le site Études coloniales (3). Cet article faisait un bilan de toutes les mentions sur les prélèvements sanguins et tentait de distinguer les rumeurs des faits avérés sur Alger, Oran et Tlemcen.

Deux publications récentes permettent d’apporter des éléments nouveaux sur les prélèvements sanguins forcés pratiqués par le FLN à la fin de la guerre d’Algérie et complètent ou confirment les deux articles. L’historien Jean-Jacques Jordi a ainsi eu accès à des archives sous dérogation et a pu reproduire ou faire état de documents concernant la fin de la guerre d’Algérie (4).

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Dans le flot des publications sur la commémoration de la fin de la guerre d’Algérie un ouvrage est passé pratiquement inaperçu, il s’agit de la correspondance d’un étudiant pharmacien, appelé du contingent, affecté au laboratoire de Tizi Ouzou de février à juillet 1962 (5). Ces deux ouvrages permettent à la fois de préciser la chronologie, d’élargir le champ d’étude de la pénurie de poches de sang à la Kabylie et de mieux comprendre les enjeux de la banque de sang entre le cessez-le-feu et l’indépendance de l’Algérie.

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La chronologie des prélèvements de sang forcés confirmée

sur Oran (avril 1962) et Alger (mai 1962)

En dehors du document de la Légion étrangère faisant état du prélèvement forcé du sang d’un légionnaire enlevé à partir d’une lettre qu’il a fait parvenir à son frère, trois autres documents officiels viennent confirmer l’existence de prélèvements sanguins forcés.

Le premier document, provenant probablement de la gendarmerie, évoque la découverte le 21 avril 1962 par des gendarmes à Oran de «quatre Européens entièrement dévêtus, la peau collée aux os et complètement vidés de leur sang». Ces personnes n’ont pas été égorgées, mais vidées de leur sang de manière chirurgicale rajoute l’historien J.-J. Jordi en note (6).

Cette découverte macabre se situe la veille du 22 avril, date à laquelle M. de Laparre, prêtre à Oran, évoque les prélèvements sanguins pour la première fois. Il signale ainsi qu’une clinique au quartier Victor Hugo pratiquerait les prélèvements sanguins sur des Européens : «Pour se procurer du sang frais, il [le FLN] a établi des barrages sur les routes du quartier. Les automobilistes sont amenés à l’hôpital où un médecin français, sur une table d’opération les saigne totalement. Puis on va déposer leur cadavre sur la route» (7).

J’avais à l’époque dans un article (8) douté de la véracité d’une telle rumeur, en raison de deux incohérences : la présence d’un médecin européen qui avait été reconnu par sa propre patiente et du fait que le FLN ne cherche pas à dissimuler les corps. Les informations rapportées par J.-J. Jordi ne nous donnent pas avec précision les circonstances de la découverte (découverte au bord de la route ou perquisition d’un bâtiment), mais elles permettent de dire avec certitude que les décès sont dus à des prélèvements sanguins forcés et de préciser la chronologie, c’est-à-dire le mois d’avril 1962. En revanche, le document n’évoque pas la présence d’un médecin européen.

Le deuxième document est un bulletin de renseignements n°360/BR/SC (du 12 mai ?) reproduit à la page 107 qui provient de la gendarmerie d’Arcole à Oran. Il se base sur des renseignements recueillis les 3 et 4 mai 1962 par trois personnes «n’ayant aucun rapport entre elles».

Ce document donne les deux motifs des enlèvements : «vérifier si la personne appartient ou non à l’organisation subversive [OAS] (…) et collecter du sang au profit des hôpitaux du FLN installés dans l’agglomération d’Oran». Ce document avait déjà été signalé par J. Monneret qui signale que le rédacteur précisait que «cette information n’a jamais été recoupée à ce jour» (9). Ce document a d’ailleurs été mentionné dans mon article sur les rumeurs de prélèvements sanguins forcés.

Le troisième document officiel faisant état de prélèvements sanguins concerne Alger. Il daterait de la fin mai (22 mai, date de recueil du renseignement) ou de début juin (le tampon de réception porte la date du 10 juin) (10). Ce document est d’ailleurs reproduit dans l’hebdomadaire Valeurs actuelles du 3 novembre 2011. Il signale que l’adjudant Gagnaire et le sergent Torres du 21e RT portés déserteurs le 20 mai sont détenus dans un hôpital du FLN à la limite du quartier de Belcourt, où «une quarantaine d’Européens seraient séquestrés au même endroit, jouant le rôle de donneurs de sang».

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Valeurs Actuelles, 3 novembre 2011

Il est intéressant de noter la similitude de l’attitude des autorités militaires d’Alger et d’Oran, qui considère les disparitions de ces deux sous-officiers du 21e RT et du légionnaire dans les environs d’Oran comme des désertions et non comme des enlèvements. Les deux enlèvements à Alger ont eu lieu le 20 mai. Nous avions reproduit un témoignage rapporté par Mme Susini évoquant la fuite le 26 mai d’une femme enlevée pour être prélevée de son sang, soit six jours après l’enlèvement des deux sous-officiers. Le quartier de Belcourt est d’ailleurs cité par J. Monneret, comme un des quartiers, où se pratiquent les prélèvements sanguins (11).

Quatre documents officiels (avec celui du légionnaire enlevé) signalent l’enlèvement d’Européens dans le but de pratiquer des prélèvements sanguins forcés. Il nous faut désormais étudier les raisons pour lesquelles le FLN est réduit à utiliser cette méthode barbare.

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hôpital Naegelen à Tizi-Ouzou

 

Comment expliquer la pénurie de banque de sang ?

La raison de la pénurie de sang à Alger et Oran tient au cloisonnement progressif des quartiers européens et musulmans dans un contexte d’insécurité lié aux attentats du FLN et de l’OAS.

Les cliniques et les hôpitaux européens sont progressivement fermés aux Musulmans. Le FLN doit mettre en place des hôpitaux de secours avec peu de moyens médicaux. A. Faucher, étudiant en pharmacie fait son service militaire dans un hôpital à Tizi Ouzou en Kabylie de février à juillet 1962, où il dirige le laboratoire d’analyse médicale et supervise la collecte de sang. A. Faucher nous apporte une autre explication à la pénurie brusque de sang. Il s’agit du retrait du dispositif militaire français lié à l’application du cessez-le-feu. Les unités d’appelés qui donnaient leur sang sont progressivement regroupées et repliées sur la métropole. Les unités restées sur place dispersées ne suffisent plus à remplir le rôle de banque de sang.

A. Faucher nous apporte plusieurs exemples de l’utilisation des militaires du contingent pour servir de donneurs de sang et les conditions de prélèvement. Le 18 février 1962, deux femmes qui préparaient un attentat à la grenade voient le projectile exploser : «c’est une étrange situation ces femmes qui posaient des pièges contre les Français sont soignés par les Français avec du sang de chasseurs alpins !» (12).

Le 26 février, le recensement des donneurs de sang est fait par le moyen de fiches, mais il n’existe aucune inquiétude du côté d’A. Faucher. Cependant, même s’il a constitué des stocks de sang, ceux-ci peuvent rapidement diminuer en raison de cas médicaux graves, comme celui du patient souffrant d’une occlusion intestinale qui nécessite d’utiliser tout le stock de sang A - et de faire appel d’urgence à des donneurs bénévoles pour le compléter (5 mars) (13). La veille du cessez-le-feu, le 18 mars, A. Faucher fait le bilan de sa banque de sang pour la Grande Kabylie : «les frigos sont chargés, j’ai la liste des donneurs dont je dispose pour les urgences». A. Faucher explique que les structures sont prêtes en cas d’urgence : «nous sommes prêts à fournir un gros coup s’il en est besoin» (14).

Mais le 19 mars, A. Faucher laisse percevoir son inquiétude «notre gros souci pour le moment, c’est la question du sang». Il veut établir un service «civil» de donneurs volontaires avec fichier. A. Faucher a-t-il pris conscience qu’avec le cessez-le-feu, les unités de secteur allaient partir et qu’il lui fallait compenser les donneurs militaires par des donneurs civils ?

Les chirurgiens semblent être conscients du problème puisqu’ils l’appellent pour l’avertir du risque de pénurie de sang (15). Le 21 mars, il réussit à mobiliser toutes les unités de Grande Kabylie ce qui lui permet d’inverser la tendance. Il explique cette pénurie conjoncturelle de sang par une mauvaise organisation de la collecte de sang et du service de la banque de sang (erreur de groupe entre donneur et receveur, frigidaire de sang en libre accès, absence de contrôle des poches de sang utilisé), qu’il a pris en charge il y a un mois (16). Cette pénurie temporaire démontre que le système de collecte de sang est entièrement dépendant des militaires de l’armée française.

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«on brûle le matériel des SAS, on laisse rouiller

les appareils de radiologie de plusieurs millions…»

En avril 1962, A. Faucher apprend la suppression du service de chirurgie militaire et l’allègement du service de médecine militaire qui doit être confié aux civils (3 avril). A. Faucher reçoit la visite des médecins de campagne qui travaillaient dans les SAS et qui lui racontent  qu’«on brûle les meubles des SAS, on laisse rouiller les appareils de radiologie de plusieurs millions, tout est abandonné ou détruit» (17). Les unités partent : le 121e est muté le 26 avril, quant aux Chasseurs alpins, ils restent provisoirement en Kabylie avant de partir sur Alger.

A. Faucher prend conscience que le système de collecte dépend uniquement des civils, puisqu’il évoque l’organisation «du don civil de sang» et s’inquiète sur le devenir de son action (18). En quelques jours, la situation se dégrade puisqu’il signale le 15 avril que «la question des donneurs de sang devient cruciale» : «nous mendions du sang» aux visiteurs des patients du dimanche, mais il n’arrive à obtenir  qu’un seul don de sang (19).

L’allègement du dispositif militaire fait que dès le 24 avril, «nous avons de moins en moins de militaires» : il n’y a donc plus de stocks de sang ; il craint de ne plus pouvoir répondre aux urgences médicales (20). À la mi-avril dans une région connaissant une situation calme, on assiste ainsi à une pénurie de poche de sang. À la même période à Oran, touché par la spirale des attentats et des représailles de l’OAS et du FLN, on fait état des premiers enlèvements d’Européens pour compenser le déficit de poches de sang dans les quartiers musulmans.

A. Faucher tente en vain de faire appel à l’assistante sociale pour lui chercher «des donneurs de sang civils», mais il évoque la réticence des Kabyles à donner leur sang, même si un de leurs proches est condamné à mourir. Il arrive pourtant à trouver des donneurs parmi les employés civils de la préfecture (21). Le 6 mai, la pénurie de sang tant de fois redoutée et annoncée touche l’hôpital de Tizi Ouzou. A. Faucher en explique les raisons : les militaires ne veulent plus donner de sang pour les civils et les civils refusent de donner le leur, malgré un appel à la radio.

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Oran, été 1962

Les seuls donneurs qu’A. Faucher arrive à trouver à partir de cette période sont le personnel civil des administrations originaire de métropole et les policiers du commissariat. Du côté des Musulmans, il arrive à convaincre les stagiaires chirurgiens et  les veilleurs de nuit de l’hôpital de donner leur sang, pour ces derniers, le don est qualifié d’«une victoire sur leurs préjugés». La raison religieuse est avancée pour expliquer le refus des Musulmans de donner leur sang. A. Faucher déplore la passivité des autorités civiles et militaires françaises, de l’administration civile des hôpitaux et évoque aussi le refus des Européens d’Algérie de donner leur sang pour les Musulmans (22).

Le 8 mai, A. Faucher signale  pour la première fois la pratique des enlèvements d’Européens par le FLN pour procéder à des prélèvements sanguins forcés. Il reproduit la teneur de la conversation qu’il a eue avec l’assistante sociale : «les autorités FLN se sont préoccupées de la question du sang pour leurs blessés ; pour la trancher, elles ont kidnappé des Européens qui ont été saignés à blanc. À Alger, un hôpital et plusieurs pharmacies ont été pillées» (23). C’est à cette même date que le légionnaire est enlevé dans les environs d’Oran.

 

«Le modèle kabyle» : la collaboration médicale entre l’armée et FLN

Prenant conscience de l’incompétence de l’hôpital civil et du désintérêt de la hiérarchie civile et militaire, le colonel Peillard, directeur de la santé militaire, met à disposition d’A. Faucher des véhicules et du matériel pour la collecte de sang.

Le colonel Peillard se charge de demander des moyens de propagande aux autorités civiles. A. Faucher souhaite même avertir le FLN pour lui demander de convaincre la population musulmane de donner son sang (24). Le 18 mai, A. Faucher apprend que «la section FLN de Tizi a interdit aux Musulmans de donner leur sang, en attendant les instructions de Belkacem, à qui la question a été soumise».

Le 19 mai, le FLN donne son appui à A. Faucher, qui organise le recensement des donneurs (c’est à dire le groupage, la détermination du groupe sanguin) des Musulmans de l’hôpital. Un adjoint du responsable FLN de la Wilaya III incite d’ailleurs officiellement la population des campagnes à donner son sang (25). Le 21 mai, l’approvisionnement de la banque de sang est enfin assuré.

Le 22 mai, une réunion officialise la collaboration entre les autorités militaires et le FLN pour organiser la collecte de sang. Elle réunit A. Faucher, responsable de la banque de sang, un chirurgien de l’hôpital, un des responsables de la Wilaya III et le docteur Mammeri, responsable de la santé du FLN. Lors de cette réunion, 150 noms de donneurs musulmans sont remis par l’adjoint FLN à A. Faucher et il l’assure de son appui pour toutes ses initiatives. Les Musulmans affluent pour le groupage, A. Faucher écrit «nous avons maintenant gagné la victoire» ; «la bataille du sang est donc gagnée» (26).

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A. Faucher, par son énergie et ses initiatives, a réussi à éviter en Kabylie le drame des prélèvements sanguins forcés qui se manifestent par des enlèvements et la mort de donneurs, comme on a pu le voir à Alger, Oran et Tlemcen.

La situation kabyle démontre qu’il existait des alternatives à ces pratiques, mais qu’elles reposaient sur la collaboration entre les autorités médicales, les autorités militaires françaises, le FLN et l’ALN. On peut penser que si la Kabylie est parvenue à cette collaboration, c’est avant tout parce qu’elle n’a pas connu le chaos des attentats de l’OAS et du FLN qui a ravagé les villes d’Oran et d’Alger.

Cette collaboration médicale nécessitait des bonnes volontés et tout indique qu’elles ont manqué dans les «deux camps» à Alger et Oran, alors même qu’A. Faucher écrit «je crois que cette question de sang a contribué à nous rapprocher encore dans de bonnes conditions de la population musulmane de Tizi» (27). Le 15 juin, A. Faucher note qu’à la suite du plastiquage de l’hôpital de Mustapha à Alger, il ne reste plus que deux laboratoires hospitaliers en fonctionnement dans l’Algérois, le sien et celui d’Orléansville situé à 300 km de là (28).

Cette troisième étude sur les prélèvements sanguins forcés permet de faire la lumière sur la situation médicale particulière de la Kabylie. Seule la situation dans le Constantinois n’a pas été étudiée, car nous ne disposons pour l’instant d’aucune information sur l’infrastructure médicale entre le cessez-le-feu et l’indépendance.

Cette étude confirme la pénurie de sang à la fin de la guerre d’Algérie et l’obligation pour le FLN de procéder à des enlèvements d’européens, civils comme militaires, pour répondre à la demande de sang en violation des Accords d’Évian et surtout des Droits de l’homme, alors même que la situation médicale en Kabylie démontre qu’il existait une alternative humaniste à cette pratique barbare.

Gregor MATHIAS

 

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1 Outre-mers, 2e semestre 2007, n°356-357, p. 265-280
2 - Document que m’a transmis  le traducteur d’espagnol de la sécurité militaire qui l’avait subtilisé de la destruction des archives lors du déménagement de la Légion étrangères de Sidi Bel Abbès à Aubagne.
3 - Site Études coloniales, le 22 mars 2011.
4 - J.-J. JORDI, Un silence d’État - les disparus civils européens de la guerre d’Algérie, Belin Soteca, 2011,  200 p.
5 - E. FAUCHER, Quand les cigognes claquaient du bec dans les eucalyptus, Fayard,  2012, 518 p.
6 - J.-J. JORDI, 2011, p. 106 document du Centre d’histoire des archives nationales (CARAN) de Paris, 5 AG/Sol/788.
7 - M. de LAPARRE, Page après page, 2004, p. 94.
8 - «Les vampires à Alger, Oran et Tlemcen (avril-juin 1962) : Une rumeur de la guerre d’Algérie ?», site en ligne Études coloniales, 22 mars 2011.
9 - J. MONNERET, La tragédie dissimulée. Oran, 5 juillet 1962, Michalon, p. 63. Il en donne la cote précise SHD.1.H.3077
10 - J.-J. JORDI, 2011, p. 107 SHD.1.H.1212.
11 - J. MONNERET, La phase finale de la guerre d’Algérie, Paris IV-Sorbonne, publiée à L’Harmattan, 2001, p. 131 et 134.
12 - E. FAUCHER, 2012,  p. 74.
13 - Ibid., p. 143.
14 - Ibid., p. 208.
15 - Ibid., p. 210.
16 - Ibid., p. 219 et p. 270.
17 - Ibid., p. 271 et p. 287.
18 - Ibid., p. 287.
19 - Ibid., p. 291.
20 - Ibid., p. 313.
21 - Ibid, p. 313
22 - Ibid., p. 352-355, p. 363-365, p. 367, p. 378 et p. 396.
23 - Ibid, p. 361.
24 - Ibid, p. 378-379.
25 - Ibid. p. 381-382, p. 385-386.
26 - Ibid., p. 389-392.
27 - Ibid, p. 397.
28 - Ibid, p. 449.

 

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21 juin 2012

guerre en Kabylie

Yaha

 

les souvenirs de Yaha Abdelhafid

général Maurice FAIVRE

 

- Yaha Abdelhafid, Ma guerre d'Algérie. Au cœur des maquis de Kabylie. 1954-1962, Riveneuve, 2012, 381 pages, 20 euros.

Né en 1933 dans les Ath Illilten au nord du Djurdjura, l'auteur appartient à une famille de cultivateurs, aisés et nationalistes. Scout de tendance MTLD, il a suivi une courte scolarité coranique. À la suite d'un séjour en métropole, il est en désaccord avec Messali Hadj et rejoint le FLN aux côtés de Cheikh Amar, génial organisateur de l'Organisation politico-administrative en Kabylie. Dans un fastidieux bavardage, il livre ses souvenirs de guerre à un pigiste de Ouest-France.

Les années 1955-56 sont consacrées à la prise en main de la population ; la propagande est confortée par une douzaine d'attentats contre les notables. Commissaire politique de la ville de Michelet, il reçoit Krim Belkacem et Ouamrane. Enthousiasmé en 1957 par la montée en puissance de l'armement, il organise des refuges familiaux pour l'accueil des djounoud.

Il condamne la sale besogne de Melouza [28 mai 1957]. Ses fonctions politico-militaires à la 1ère compagnie du Djurdjura le conduisent à monter plusieurs embuscades et à fabriquer des mines artisanales. L'enfer de la bleuïte provoque une mutinerie de cette compagnie, destinée à convaincre Amirouche de mettre fin au massacre de ses subordonnés. Les opérations Jumelles destructurent alors la Wilaya kabyle et déstabilisent la population.

Devenu responsable de la région (nahia) 31, il se montre très combattif et échappe «miraculeusement» à la mort. Il relate ses exploits : des embuscades victorieuses, l'attaque d'un poste militaire, l'enlèvement de la harka d'Aït L'qaid, la pénétration des villages de regroupement, des tirs de provocation en ville de Michelet. Il critique vivement les tortionnaires du 6°BTA, dont il cite les noms. Son père et sept membres de sa famille sont torturés ou tués au combat. Mais d'autres militaires français font preuve d'humanité.

Le 19 mars est pour lui la date emblématique de la victoire. Il minimise le massacre des harkis, dont il organise un centre d'internement à Beni Douala ; quelques harkis participent ensuite à la guerre des sables contre le Maroc, puis à la révolte kabyle contre le gouvernement algérien. Opposé au clan d'Oujda, l'auteur dénonce la prise du pouvoir par des arrivistes qui ont trahi la plateforme de la Soummam. Créateur du Front des Forces Socialistes en 1963, il reprend le maquis avant d'être exilé pendant 24 ans.

Ces souvenirs de guerre relatent bien l'action du FLN-ALN vue de l'intérieur. Mais ce n'est qu'un témoignage dont certaines affirmations devraient être confrontées aux archives et aux anciens du 6° BCA.

Maurice Faivre
le 21 juin 2012 

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Yaha Abdelhafid

 

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présentation de l'éditeur

La vie de Yaha Abdelhafidh est un combat. Un combat pour l’Algérie. Pour elle, il a pris deux fois le maquis et vécu vingt-quatre années d’exil. Au soir d’une existence toute dévouée à la révolution démocratique et sociale, l’ancien dirigeant du Front des forces socialistes (FFS) se remémore, avec le concours du journaliste Hamid Arab et à la façon des hérauts antiques, la geste de la guerre d’Indépendance pleine de batailles, de bruits et de fureur en convoquant la liste des héros tombés, anonymes ou connus, que l’historiographie officielle a pris soin de gommer.

Car c’est là toute la thèse de Yaha Abdelhafidh : la joie de l’Indépendance a été de courte durée et la révolution a très vite été confisquée. Pour Yaha Abdelhafidh, la seule élection véritablement démocratique que l’Algérie aura connue est le référendum de 1962 approuvant les accords d’Évian et la fin de la guerre avec la France.

Dans ce premier livre – un second volume suivra – l’auteur revient sur son premier maquis : son enfance dans les rudes montagnes de Kabylie, sa formation militante très tôt indépendantiste et ses combats contre l’armée française dans la wilaya III. Il décrit aussi les querelles internes qui minent le Gouvernement provisoire de la République algérienne jusqu’à la conférence de Tripoli de mai-juin 1962 où le clan d’Ahmed Ben Bella et du colonel Houari Boumediene – le FLN extérieur – évince la résistance intérieure pour imposer un pouvoir sans partage à la tête du nouveau pays. Un témoignage d’un acteur de premier plan. Un document de première main.

- Yaha Abdelhafidh est né en 1933 à Takhlijt Ath Atsou, un hameau de Kabylie, dans une famille très tôt mobilisée contre la colonisation française en Algérie. Officier de l’Armée de libération nationale (Front de libération nationale) en Kabylie lors de l’indépendance, Si Abdelhafidh a été un des fondateurs du Front des forces socialistes (FFS) et surtout négociateur en chef au nom de ce mouvement avec le régime de Ben Bella, puis les hommes du 19 juin. Fin 1965, il part en exil où il poursuit sa lutte politique. Il rentre en Algérie en 1989.

Hamid Arab est correspondant local au quotidien Ouest France et journaliste pigiste pour le site d’information en ligne www.lematindz.net.

 

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19 juin 2012

Exode des Français d'Algérie

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Commémoration « cinquantenaire de

l’exode des Français d’Algérie »

 

Samedi 23 JUIN 2012

ESPLANADE – ATRIA

5, Bd de Pragues – 30000 NIMES

Samedi 23 juin

9h30 Accueil des personnalités - Square du 11 novembre.

10h Monument aux morts - Cérémonie de commémoration

et dépôt de gerbes - Square du 11 novembre.

ESPLANADE CHARLES DE GAULLE

10h15 Moment de convivialité offert

sur l’Esplanade

11h Inauguration de l’Espace Culturel - Dédicaces de livres.

AUDITORIUM DE L’HÔTEL ATRIA

11h30 Inauguration des expositions photos

présentées par les associations de rapatriés

du Gard et de l’exposition « Les Harkis dans

la colonisation et ses suites ». Salle le Foyer.

Superbe exposition de tableaux en 3D réalisées par Francine PARRA, née CASTANO

• Espace Sainte Perpétue (patio de l’hôtel Atria)

Inauguration de l’exposition de peintures

orientalistes de Josette Spaggia.

Fermeture des expositions à 21 heures

14h « L’agonie de l’Algérie ».

Conférence de Guy Tudury, écrivain.

 

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15h « Il y a 50 ans … l’Exode ».

Conférence de José Castano, écrivain.

 

17h Projection Film « la Valise ou le Cercueil »

de Charly Cassan et Marie Havenel suivie

d’une discussion avec les réalisateurs.

JARDINS DE LA FONTAINE

21h30 Concert d’Alain Rattier et son big Band

qui interprèteront des airs des années 1950 et 1960.

Billetterie : FNAC et points habituels

 

Dimanche 24 Juin

Dimanche 24 juin

10h Cérémonie interreligieuse - Dépôt de gerbes.

Sanctuaire de Santa Cruz.

ESPLANADE CHARLES DE GAULLE

11h30 Séance de dédicaces par les écrivains présents.

Espace Culturel.

AUDITORIUM DE L’HÔTEL ATRIA

11 h 30 Expositions Photos - Salle le Foyer, hôtel Atria.

Exposition de peintures orientalistes

de Josette Spaggia.

Superbe exposition de tableaux en 3D réalisées par Francine PARRA, née CASTANO

Espace Sainte-Perpétue, patio de l’hôtel.

Fermeture des expositions à 21 heures.

14h30 « Fondements du traumatisme identitaire

des rapatriés » - « La construction de la mémoire

des pieds-noirs et sa mise en conflit dans l'espace

public français ».

Conférence de Quentin Lajus, étudiant à l’Institut

d'Etudes Politiques de Bordeaux.

15h30 Projection du film « Le Choix de mon Père »

de Rabah Zanoun.

 

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17h « Les Harkis, de la guerre d'Algérie à nos jours »

Conférence d’Abderahmen Moumen,

Docteur en Histoire.

18h15 Projection du film « Algérie, Histoires à ne pas dire »

de Jean-Pierre Lledo.

ESPLANADE CHARLES DE GAULLE

19h45 Clôture du 50e anniversaire

 

Renseignements : Magalie DAUDET – Tel. 04.66.27.76.80

e-mail : magalie.daudet@ville-nimes.fr

 

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6ème Salon du « savoir faire Pied-Noir » - Port Barcares – 24, 25, 26 Août 2011

 

Mas de l’Ille – Bd des Rois de Majorque (Sortie 12 de la voie rapide) –

 66420 - PORT BARCARES - Entrée gratuite Entrée pour tous

Renseignements au 04.94.33.68.38 ou 04.68.86.13.62 ou 06.82.22.75.65 ou 06.09.78.58.92

 gabriel.mene@wanadoo.fr

Une magnifique  initiative pour  un  peuple aussi  productif  que  celui des Français D’ALGERIE et surtout, pour que sa mémoire demeure.

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17 juin 2012

histoire de l'Algérie cette semaine

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activités relatives à l'Algérie et son histoire

Jean MONNERET

 

Chers Amis,

Cette semaine sera celle de beaucoup d'activités relatives à l'Algérie et aux publications sur l'Algérie.

Je vous recommande d'écouter l'émission du mardi 19 juin sur Radio Courtoisie à partir de 18 heures. "Le Journal des Historiens" dirigé par Philippe Conrad présentera le Hors Série N°4 de la Nouvelle Revue d'Histoire consacré à la guerre d'Algérie et à l'histoire de ce pays. Parmi les participants il y aura outre Dominique Venner et votre serviteur, le général Faivre et Roger Vétillard.

Dominique-Vennerportrait2faivre10Roger+VETILLARD

Le samedi 23 à partir de 15 heures, nous nous retrouverons pour une vente-signature à la librairie Notre-Dame de France, 21 rue Monge, Paris 5e. Ces rencontres sont l'occasion de revoir des amis nouveaux et anciens, d'échanger souvenirs et informations dans une atmosphère conviviale. L'achat de livres, s'il est bienvenu, n'est nullement obligatoire. La priorité c'est l'amitié.

C'est elle encore qui présidera, le lendemain 24 juin à l'Espace Champerret, la Fête Annuelle de Radio Courtoisie qui voit défiler chaque année des milliers de personnes pour y rencontrer de trés nombreux écrivains dont beaucoup sont réguliérement boycottés par les médias et le système.Pour ce qui nous concerne, sur le sujet Algérie, Radio Courtoisie a sauvé notre liberté de nous exprimer.

En souhaitant vous y voir nombreux,

Jean Monneret

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16 juin 2012

L’échec de l’Algérie française date de 1870

Perso- Lyautey 1902 colonel- Besanson

 

Lyautey contre Lavigerie et Crémieux

éditorial de Bernard LUGAN à L'Afrique réelle, juin 2012
 
 
L’échec de l’Algérie française date du lendemain de la guerre de 1870 quand le régime civil remplaça le régime militaire. La colonisation de l’Algérie se fit alors au nom de l’universalisme républicain qui prétendait transformer les musulmans en Français grâce à l’ «école de la République».

Dans ce numéro spécial de l’Afrique Réelle, est reproduit un document peu connu. Daté du 1er décembre 1870, au lendemain donc de la défaite française face à la Prusse, ce texte fut écrit de la main de Mgr Lavigerie à l’intention d’Adolphe Isaac Crémieux, alors en charge des affaires algériennes. Le prélat y livre ses intentions résolument jacobines au sujet de l’Algérie, faisant ainsi cause commune avec le farouche républicain qu’était Crémieux.

7431752Isaac Crémieux

Les deux hommes se trouvèrent alliés pour détruire les Bureaux arabes, cette élite de l’armée française qui avait réussi la pacification de l’Algérie avec peu de moyens, pratiquant la politique du prestige, du respect et de la différence, à l’image de ce que feront plus tard les Affaires Indigènes au Maroc sous Lyautey et ses successeurs. Or, Mgr Lavigerie et Adolphe Isaac Crémieux considéraient tous deux, à juste titre d’ailleurs, que les Bureaux arabes  étaient un obstacle à la colonisation, protecteurs qu'ils étaient des indigènes et de leurs biens. Crémieux dénonçait également leur peu de zèle républicain, ce corps d’élite étant effectivement largement monarchiste. Leur disparition signa l’échec de l’Algérie française.

fontaine2lavigerieMonseigneur Lavigerie

À l’opposé de Mgr Lavigerie et de Crémieux, Lyautey ne voulut pas changer l’homme et c’est pourquoi il a réussi au Maroc. Il ne s’était en effet pas fixé pour but de donner aux Marocains d’autres ancêtres que les leurs. Il n’avait pas, comme le déclara avec arrogance le président Sarkozy dans son «discours de Dakar», l’intention de les faire «entrer dans l’Histoire», eux qui en ont une, glorieuse et ancienne.

Lyautey 1915Lyautey au Maroc en 1915, avec le sultan Moulay Youssey


La vision de Lyautey présentait deux caractéristiques principales qui sont l’exact contre-pied de ce que voulaient Crémieux et Mgr Lavigerie :

1) Selon lui, la colonisation n’était pas éternelle car il avait bien vu que les colonies, départements d’Algérie compris, étaient à la France, mais n’étaient pas la France. Transposée aujourd’hui cette idée permettrait de parler d’islam en France et non d’islam de France, ce qui n’est pas la même chose.

2) C’était une forme d’«ethno-différentialisme» avant l’heure car elle n’impliquait ni assimilation, ni intégration, qui sont d’abord des pertes de substance vive pour les uns comme pour les autres. Elle ne débouchait ni sur l’acculturation républicaine, ni sur la christianisation des musulmans. Lyautey était pourtant plus que «bon» catholique, mais, tout comme Charles Maurras, il faisait la part entre le politique et le religieux. Homme de terrain, il avait tout simplement observé que les peuples du Maghreb sont «autres».

L’histoire a donné raison à Lyautey contre Lavigerie et Crémieux. Quant à De Gaulle, s’il voyait juste quand il déclara à Jacques Soustelle que l’intégration était «un danger pour les Blancs, une arnaque pour les autres», la manière dont il s’y prit pour «soulager» la France de ce qu’il nommait «le fardeau algérien» fut à la fois odieuse par son inhumanité, honteuse par sa mise en oeuvre et criminelle par ses conséquences. D’autant plus que la victoire militaire française étant totale dès 1959-1960, des solutions autres que celle de la remise du pouvoir à la clique du FLN étaient envisageables.

Bernard Lugan
source

 

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15 juin 2012

jeunesse des tirailleurs sénégalais

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jeunesse des tirailleurs

Tata Sénégalais de Chasselay près de Lyon

Témoignage de Jean-Paul Chaudy



En janvier 2004, j’ai eu l’opportunité de visiter de nombreux villages de Casamance au Sénégal. Dans un village du bord du fleuve j’ai rencontré un vieil homme handicapé qui m’a demandé si je connaissais «Chasselay», c’est là qu’il avait été grièvement blessé en juin 1940. Il avait été récupéré et caché par une famille et se trouvait entre la vie et la mort quand tous ses camarades ont été arrêtés et exécutés non loin de là.

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Cet homme avait pu être évacué vers le sud puis plus tard vers le Sénégal, mais trop grièvement blessé on avait du l’amputer d’une jambe. Il n’avait alors que 15 ans !

Il expliqua alors qu’il n’était pas le plus jeune, qu’en 1940 chaque village était sensé donner des enfants et qu’ils étaient choisi en fonction de leur taille et non de leur âge, hors beaucoup de jeunes casamançais mesurent déjà plus de 1.70m à l’âge de 13 ou 14 ans, si bien que ces régiments de tirailleurs sénégalais étaient constitués de très jeunes soldats.

Ces jeunes ne parlaient que la langue de leur ethnie et donc étaient regroupés par tribus. Ainsi le régiment qui défendait les Monts d’Or à Chasselay était constitué en majorité de Casamançais Diolas et Mankagnes. Ce vieil homme handicapé rencontré en 2004 faisait partie de régiment dont la plus part des survivants avaient été exécutés les 19 et 20 juin 1940.

Témoignage de Jean-Paul Chaudy


Commentaire : parmi toutes les questions liées à cette exécution de tirailleurs se pose la question du recrutement des soldats africains. Tandis qu’en France les jeunes recrues devaient avoir au moins 17 ans, en Afrique bien des «recruteurs» prenaient d’office ceux qu’ils jugeaient aptes à la tâche. Ainsi il a été décidé de ne pas inscrire leur âge sur leurs tombes bien que l’on ait connu leur identité !

Pour réagir à ce témoignage contactez Monsieur Chaudy à travers le comité de Chasselay.

 

SETata

 

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- à propos du Tata sénégalais de Chasselay, sur Études Coloniales

 

18242951

 

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12 juin 2012

les archives du Sénégal

archives du senegal

 

les archives du Sénégal

un riche patrimoine à la recherche

de nouveaux espaces

Jean PIRES

Le Soleil, journal sénégalais

 

Mme Fatoumata Cissé Diarra, nommée au mois de mars dernier à la direction des Archives nationales du Sénégal, a accepté de nous dévoiler un pan de cette institution précieuse. L’opportunité de cette visite guidée dans les arcanes des Archives du Sénégal est d’autant plus appréciable que la communauté internationale célèbre, aujourd’hui, 8 juin, la 6ème édition de la Journée internationale des archives, sur le thème  «Archives, administration publique et transparence».

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La Journée internationale des archives sera, aujourd’hui, célébrée à Dakar, par une manifestation à la Chambre de commerce, à partir de 9h30, sous la présidence de M. Seydou Gueye, secrétaire général du gouvernement. Le thème «Archives, administration publique et transparence» sera présenté par Monsieur Mbaye Thiam, Professeur d’archivistique à l’Ebad/Ucad.


Une certaine image renvoie, sur le sujet des archives, un décor vieillot, des documents poussiéreux, entassés sur des étagères, dans quelques réduits oubliés, relégués. Et pourtant, les archives, comme nous le rappelle Mme Fatoumata Cissé Diarra, permettent de connaître le passé. On a recours aux archives à de nombreuses occasions, pour des recherches historiques, la référence à des identités, trouver des sources au sujet d’une histoire nationale ou même individuelle.

archives


Il va sans dire que les archives doivent être absolument bien classées, sous peine de les perdre et en même temps des repères importants, parfois vitaux pour la vie de toute une communauté.  «Un document perdu, fait perdre du temps, il faut alors procéder à sa reconstitution, ce qui n’est pas toujours évident».
Les Archives du Sénégal, c’est le nom officiel de cette institution logée sur l’aile droite du building administratif à Dakar. Il s’agit d’un complexe documentaire regroupant, outre le service des archives sous l’appellation d’archives nationales, un service d’accueil, un service informatique, de communication et un grand service des appuis techniques (micrographie, iconographie, atelier de reliure et restauration).

Des milliers de documents jaunis par le temps

En visitant les locaux, particulièrement les bureaux qui se trouvent au rez de chaussée du building administratif, le visiteur est loin de se douter qu’un long souterrain court sous ses pieds, traversant pratiquement la longueur de ce grand bâtiment. A l’origine, en 1954,  l’aménagement des archives était prévu pour accueillir «8 kilomètres linéaires», souligne la directrice, Mme Diarra.

C’est une sorte de cave aérée et éclairée où sont stockés sur des étagères, rangés dans des boites spéciales, des milliers de documents jaunis par le temps et le climat. Certains d’entre eux ont traversé deux à trois siècles. Le record de longévité dans ces archives est détenu par le récit d’un explorateur daté de 1672.

C’est un fonds très riche qui constitue le patrimoine national, outre la bibliothèque administrative, historique et juridique qui fait office de bibliothèque nationale (ndlr, c’est une institution qui n’est pas encore créée, elle n’existe que sur le papier), en appoint, un centre de documentation administrative et juridique fait face à la direction.

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«Nous avons quatre fonds. À sa création en 1913, c’était le Service des archives du Sénégal, comme on en trouvait dans tous les chefs-lieux des colonies de l’Aof, et au sommet, un Service des archives de l’Aof», indique Mme Diarra.
«On a une chance, ici, au Sénégal. C’est une exception. Au moment de la décolonisation, les Européens, les français en particulier, sont partis avec les archives, mais celles de l’Aof sont restées, ici, à Dakar. C’est pourquoi nous les gérons». Une autre partie des archives de l’état civil de l’Aof est à Nantes et à Aix-en-Provence, en France.

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Archives d'outre-mer à Aix-en-Provence


La directrice, Fatoumata Cissé Diarra, formée à l’Ebad (major de promotion en 1985) a, depuis l’année 2000, bouclé une formation en Conservateur des archives. Les archives, ce sont ces documents sécrétés dans le cadre  des activités d’une personne physique ou morale. Elles forment un tout ; on ne peut pas les dissocier.

«C’est ainsi que les archives gardées à Nantes sécrétées dans le cadre de l’Aof, sont, à ce titre, des archives en partage entre les différents États, ex-colonies de l’Aof et la France elle-même».

À côté de ce fonds de l’Aof, il y a le fonds documentaire du Sénégal colonial. Il commence en 1816 et s’étend jusqu’en 1858. Lorsque les premiers explorateurs sont arrivés à Dakar en 1816, ils ont commencé à mettre en place une administration et à générer des documents qui sont devenus des archives précieuses au fil du temps.

En 1895, quand l’administration française a fédéré les colonies sous l’Aof, elle a produit un fonds documentaire qui a existé parallèlement au fonds du Sénégal colonial. L’Aof, de 1895 à 1959 avant l’indépendance, constitue un autre fonds où l’on répertorie l’éphémère Fédération du Mali. Un quatrième fonds concerne le Sénégal moderne, notamment les archives nationales (archives de l’État) et les archives régionales (services régionaux d’archives).

La responsabilité des structures administratives 

La direction des archives du Sénégal est l’organe de l’État compétent pour toute question d’archives (Loi du 3 juin 2006). À ce titre, elle doit recevoir les documents et archives générés dans les différentes administrations sénégalaises. Selon la loi, il y a différents âges pour ces archives. Dans le premier âge, il y a les documents courants qui sont dans les bureaux et qui servent à l’instruction des dossiers. Ils doivent être à portée de main dans toutes les administrations.

Les archives intermédiaires rassemblent les documents qui ne sont plus d’utilisation courante et qui ont entre cinq et dix ans d’âges. Elles sont gérées en dépôt de «pré-archivages», sous la responsabilité des structures administratives de l’État. Elles  peuvent ainsi servir à des références épisodiques.

«Actuellement, nous ne pouvons plus prendre des versements  de documents vu la saturation de nos locaux depuis belle lurette. Ces locaux ont été aménagés en 1954 pour une capacité initiale de 8 kilomètres linéaires. Aujourd’hui, nous avoisinons les 18 kilomètres linéaires», déplore Mme Diarra. La saturation de l’archivage a même touché l’annexe des Archives du Sénégal, sur la rue Moussé Diop.

La solution, c’est vivement la construction d’une Maison des archives. «On aimerait vivement que les autorités prennent en charge la construction de la Maison des archives. Nous parlons souvent de dématérialisation, c’est bien ; mais si le document est numérisé et qu’on remette en place les documents qui manquent d’espace, cela ne résout rien», soutient la directrice des Archives du Sénégal.

La consultation des archives est généralement d’accès libre. Les visiteurs ne désemplissent pas d’ailleurs dans les locaux réservés à la lecture. Le silence est de rigueur entre les box. Au long de la journée, les élèves et étudiants, chercheurs, historiens, sociologues et scientifiques de tous bords viennent se documenter sur les planches de l’histoire.

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Fatoumata Cissé Diarra


Cependant, l’accès n’est pas ouvert à tous les documents. 

La dernière Loi d’archives de 2006 a ramené, de trente à vingt-cinq ans, le délai autorisant la consultation publique des archives. Celles concernant la sécurité de l’État, ainsi que les documents nominatifs sur la vie privée, les dossiers d’instruction juridique, etc.,  ont un délai spécifique. Ils sont consultables, selon les cas, entre 30 et 50 ans après la date d’élaboration des documents, après le départ à la retraite (pour actes médicaux), après la clôture des dossiers d’instruction  judiciaire, ou après la date de l’acte, en ce qui concerne les secrets industriels et commerciaux. Le grand souci de la direction demeure l’exigüité des locaux, ou leur inexistence, particulièrement pour les régions.

C’est ainsi que dans leurs grands projets, les Archives du Sénégal tiennent à la construction et à l’équipement des services régionaux d’archives. À l’heure actuelle, seuls existent les services régionaux de Dakar, Saint-Louis, Thiès, Kaolack et Fatick. Il est plus que temps, aujourd’hui, de prendre en compte ces archives régionales logées généralement au niveau des gouvernances des régions et des collectivités.

De nouvelles infrastructures, mais également un grand renouvellement du personnel, ce sont les objectifs que se fixe la direction des Archives du Sénégal. Celles-ci sont placées sous la tutelle de la Primature. En cette journée internationale, ces objectifs se signalent comme des priorités pour protéger le précieux patrimoine que l’histoire nous a légué.                             

Jean Pires
source

 

ans-bldgDakar, archives nationales

 

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10 juin 2012

les bagnes coloniaux (Michel Pierre)

Guyane (5) 

 

le siècle des bagnes coloniaux (1852-1953)

Michel PIERRE

 

1 - Après la suppression progressive des galères sous Louis XV s’ouvre le temps des bagnes portuaires (Toulon, Rochefort, Brest) désormais voués à l’exécution de la peine des Travaux Forcés. Mais quelques décennies plus tard, dans les années 1840, se répand l’idée que la concentration de milliers de forçats regroupés dans quelques arsenaux est dangereuse pour la population civile, contagieuse pour les ouvriers libres et coûteuse pour l’État.

Guyane (1)

Et à l’exemple des Anglais ayant déporté au XVIIIe siècle, des dizaines de milliers de Convicts vers leurs terres australiennes, Napoléon III décide, au début de son règne, de l’exil définitif de ceux (et de celles) qui bafouent gravement la loi. Après avoir hésité sur quelques horizons possibles, le choix se porte sur la Guyane que l’on espère développer grâce à l’afflux d’une main d’œuvre de réprouvés pouvant, de surcroît, trouver dans le travail, le rachat de leurs fautes.

Guyane (2)

2 - Dès 1852, des vaisseaux-prisons transfèrent aux îles du Salut puis à Cayenne les bagnards de Rochefort, de Brest puis ceux de Toulon. Deux ans plus tard, en 1854, la loi sur la Transportation (1854) organise la peine des Travaux Forcés à accomplir hors du territoire métropolitain et conçue pour ne jamais permettre le retour des condamnés dans la mère-patrie.

3 - Cette première époque du bagne est celle d’une hécatombe due aux épidémies, à une administration déficiente, à l’absence de soins et aux mauvais traitements. Le taux de mortalité (26% de l’effectif en 1856) est tel qu’en 1867, il est décidé de remplacer la Guyane par la Nouvelle-Calédonie comme nouvelle terre de punition à plusieurs mois de navigation des ports français. Et c’est vers ces rives lointaines de la France australe que seront dirigés en 1871 les Communards victimes des tribunaux versaillais.

4  - Au début des années 1880, la IIIe République, soucieuse d’ordre et de loi, juge la Nouvelle-Calédonie peu redoutée des criminels et préfère y attirer des colons libres, dignes de ses richesses. La Guyane, de réputation plus sinistre, redevient terre de bagne en 1887, conjointement à l’archipel calédonien pendant une décennie puis, à partir de 1897, comme seule destination des forçats. La colonie reçoit même, à côté des condamnés aux travaux forcés (peine le plus souvent prononcée par les Cours d’Assise), une nouvelle catégorie de condamnés relevant de la loi (1885) sur la relégation des multirécidivistes (peine pouvant être décidée par un simple tribunal correctionnel).

Guyane (4)

5 - À la fin du XIXe siècle, le système a trouvé sa logique et défini son fonctionnement. Une à deux fois par an, les navires Loire puis le La Martinière (entre les deux guerres mondiales) transfèrent, par effectif de 600 à 700 matricules, les condamnés rassemblés à Saint-Martin de Ré vers Saint-Laurent-du-Maroni devenu véritable capitale d’un univers pénitentiaire qui compte aussi les Iles du Salut, le camp de la relégation à Saint-Jean-du-Maroni, l’îlot Saint-Louis pour les lépreux, des camps forestiers à l’effrayante réputation, celui de Kourou moins meurtrier et Cayenne où se retrouvent plutôt les forçats libérés mais exilés à vie en Guyane.

6 - Vie terrible de communautés d’hommes soumis à des travaux dérisoires ou épuisants. Société violente où succombent les plus faibles. Individus marqués de l’habit rayé rouge et blanc, symbole d’une main d’œuvre quasi-servile, fragilisée par le climat, mal soignée et ne plaçant ses espoirs que dans l’évasion aux tentatives sévèrement punies.

Guyane (6)

7 - Il faudra des années de témoignages (tels ceux de condamnés anarchistes au début du XXe siècle), de reportages indignés (tels ceux d’Albert Londres en 1923) et de campagnes de dénonciation (telle celle menée par la Ligue des Droits de l’Homme et du Citoyen) pour que la loi sur la Transportation disparaisse du Code Pénal français par décret-loi du Front Populaire en 1938.

Guyane (8)

C’était la fin des convois pour la Guyane mais le rapatriement des condamnés en cours de peine n’était nullement prévu et ce sont eux qui vont subir, sous le régime de Vichy, une nouvelle hécatombe provoquée par les rigueurs d’une administration impitoyable et par une mauvaise alimentation due aux difficultés de ravitaillement (le taux de mortalité atteint 20 % de l’effectif en 1942). Les survivants, très souvent amnistiés, sont rapatriés en France (ou en Afrique du Nord) de 1946 à 1953, réinsérés dans la société pour une partie d’entre eux grâce à l’action de l’Armée du Salut ou incarcérés dans des prisons centrales pour les plus lourdement condamnés.

8 - Ces derniers bagnards de retour vers les ports français témoignaient d’une histoire séculaire qui avait concerné près de 100 000 condamnés (dont quelques centaines de femmes de 1859 à 1906). Sur cette population pénale, une grande majorité avait été dirigée vers la Guyane (75 000), composée essentiellement de Transportés (80 % du total des effectifs).

Pierre Michel

Guyane (10)

Pour citer cet article

- référence électronique :

Michel Pierre, «Le siècle des bagnes coloniaux (1852 - 1953)», Criminocorpus, revue hypermédia [En ligne], Les bagnes coloniaux, Articles, mis en ligne le 01 janvier 2006, consulté le 10 juin 2012. URL : http://criminocorpus.revues.org/174

auteur
Michel PIERRE

Michel Pierre, licencié d’histoire de l’art et d’archéologie, agrégé d’histoire, maître de conférences à l’IEP de Paris pendant de nombreuses années avant d’effectuer plusieurs missions pour le compte du ministère français des Affaires étrangères (directeur de l’Institut français de Florence, Conseiller de coopération près l’Ambassade de France à Alger...). Il a assuré, toujours dans ce même ministère, la responsabilité de la sous-direction «Archéologie et recherche en sciences sociales». Depuis septembre 2007, Michel Pierre est directeur de la Saline royale d’Arc-et-Senans (Doubs).
Spécialiste d’histoire coloniale et d’histoire pénale, il a publié plusieurs ouvrages et articles sur les bagnes de Guyane.

articles du même auteur

 

Guyane (3) 

 

Guyane (11)

 

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9 juin 2012

édition mise à jour et augmentée du livre de Jean Monneret sur Oran le 5 juillet 1962

9782841863082

 

La tragédie dissimulée

Oran, 5 juillet 1962 (éd. Michalon)

Édition mise à jour et augmentée

Jean MONNERET

 

«Bientôt les indigènes armés qui sont là vont se jeter sur tous les Européens qu’ils rencontreront dans un mouvement de folie et de meurtre collectif. On se venge sur l’autre, le différent… C’est un règlement de compte ethnique qui se déroule. »Ainsi l’auteur décrit-il cette fatale journée.

À Oran, le 5 juillet 1962, jour choisi pour célébrer dans la liesse l’indépendance de l’Algérie, des centaines d’Européens furent enlevés et tués. Et les troupes françaises, encore présentes dans la ville, sont restées l’arme au pied. Comme le leur avait ordonné le président De Gaulle. Cette journée poussera à l’exil des milliers de gens. Pourtant, pendant des décennies, cet évènement sera occulté soigneusement des deux côtés de la Méditerranée.

S’appuyant sur des archives militaires inédites, des documents internes de la Croix-Rouge et de nombreux récits de survivants, Jean Monneret révèle tous les tenants et les aboutissants de cette tragédie dissimulée.

monneret

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Si vous souhaitez recevoir cet ouvrage, merci de nous retourner le bon de commande à l’adresse ci-dessous :

Éditions Michalon

110, rue des Poissonniers

75018 Paris

ainsi que votre règlement exclusivement par chèque

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Commande …… exemplaire(s) de l’ouvrage de

Jean Monneret, La tragédie dissimulée – Oran, 5 juillet 1962 (édition mise à jour et augmentée)

Prix unitaire TTC : 18 €  - Frais de port inclus.

livre6p  Monneret

 

- "la désinformation à propos de l'Algérie française et de la guerre d'Algérie", une conférence de Jean Monneret

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