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études-coloniales
29 novembre 2012

les leaders algériens durant la présence française en Algérie

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Abd-el-Kader

 

Les leaders algériens, leurs relations

avec la France et le monde

Oudainia KHALIL

 

Essai dans lequel j'aborde le sujet critique en Algérie des DAF, déserteurs de l'armée française, notamment aux dernières phases de la guerre de libération et ce en projetant le reflet historique.

Partie 1 :

Les leaders algériens durant la présence française en Algérie.

Les leaders algériens ont été bien vénérés longtemps pour ce qu'ils méritent en tant que résistants mais également comme il se doit dans la coutume de culte de la personnalité dans notre population. C'est vrai que par rapport à d'autres leaders dans d'autres civilisations ils sont beaucoup plus respectueux et n'avaient pas des comportements personnels blâmables comme Napoléon, Bismarck ou Simon de Bolivar. Peut-être à cause du conservatisme de la population et son attachement à l'aspect moral.

Est-ce cela suffit pour ne pas évoquer tout leur itinéraire, et le positionner dans son contexte historique, et surtout le mettre à la connaissance des partisans de l'idée des infiltrations menées, ou prétendues, des militaires indigènes de l'armée française, reconvertis à l'approche de l'indépendance à l'ALN?

L'Émir Abdelkader, vu en Algérie comme le fondateur de l'État algérien moderne avait une relation pour le moins étroite avec l'Administration française.

Nous citons ci-dessous, un fragment d'une lettre prétendue envoyée par l'Émir Abdelkader au consul français à Damas (empire Ottoman) 

الحمد لله سعادة الأخ برتان الأكرم أدام بقاءكم في النعيم أمين، أما بعد فإنه وصل البارحة رجل من الجزائر كان سافر إليها من مدة ستة أشهر فأخبرت أن عدو الله وعدوي وعدو نفسه المجنون محي الدين وصل إلى الحدود بين حكومة تونس وحكومة الجزائر فحصل عندي من الغم والهم من هذا الخبر السوء ما لا أقدر أصفه لكم وتحيرت وما عرفت ما أصنع. ولو جاءني خبر موته كان أحب وأشهى إلي من أسمع أن يسعى في الفساد وحيث أعرف أن كثيرا من الناس البعيدين عنا يتوهمون أن هذا الفعل القبيح بإرادتي وإذني وجدت الطريق التي تحصل به براءتي من هذا الولد المجنون و من فعله القبيح فإذا استحسنتم جنابكم تتخابرون مع الوزير فإذا أحسن عنك مساعدتك أكتب مكاتيب خصوصية لكل قبيلة من القبائل الذين مع المفسد بعد أن يعرفوني أين هو وأسماء القبائل هم عندهم ليتحقق الناس أني برئ منه ومن عمله.

منتصف محرم 1288

المخلص عبد القادر.

Dans cette lettre il renie son fils qui revient en Algérie pour participer à la grande insurrection de 1871. Nous trouvons la confirmation de l'existence de cette lettre, dans laquelle il réfute l'action de son fils, combattant la France, dans le livre de l'Emir Abdelkader écrit par Bruno Étienne (page 491 de la version traduite en Arabe par Michel Khoury, Editions Attia) sans pouvoir confirmer son contenu exact.

Après la fin de sa résistance, il a passé 5 ans d'emprisonnement. Son intervention dans les évènements Musulmans-Chrétiens (1860) lui a valu la décoration par la légion d'honneur de la France.

L'Émir Abdelkader, dit le père fondateur de la nation moderne, a combattu l'armée de la colonisation de 1832 à 1947. Mais est-ce seulement la guerre qui les reliait? Et quelle explication peut-on donner à sa relation avec l'Empire après sa capitulation? Et surtout pourquoi ces faits ne sont pas mis à la disposition des écoliers algériens, à qui on ne présente que les phases de la résistance et une courte présentation de sa vie à Damas?

Est-ce que sa proposition à l'Angleterre et aux États-Unis d'exploiter des ports en Algérie, en contrepartie d'un soutien pour chasser les Français, peut, selon le raisonnement de nos jours, nous faire dire qu'il est Pro-américain!?

C'est clair que ce qui est écrit ci-dessus est une analyse abstraite, partielle et incomplète, afin qu'on n'aille pas très vite à remettre en cause la lutte héroïque du premier leader algérien d'Al-Djazaïr (Algérie) Moderne.

 

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Mokrani fidèle à l'Empereur de la France

Mokrani, un des prestigieux leaders algériens, suscite toujours une polémique à propos de son parcours en tant que chef rebelle.

On est arrivé même à dire que la guerre est déclenchée (1871) à cause de la privation de ses privilèges. Ce qui explique en partie peut-être, la répression féroce qui a suivi, de crainte d'un leader si Charismatique. Nous ne soutenons pas cette hypothèse à laquelle nous n'avons trouvé aucune source la confirmant.

Ce qui est connu en tout état de cause, c'est la forte possibilité qu'avait Cheikh Mokrani dans le projet du Royaume Arabe de l'Empire, pour accéder à la place du Sultan ou Kalif ; Mokrani, qui voulait confirmer son attachement, a proposé à l'Empereur une légion dans la guerre contre la Prusse; mais l'empereur a refusé! Ce refus, ajouté à la dette non-remboursée que les Autorités ont emprunté de Mokrani et les nouvelles méthodes de traitement parues avec l'instauration de la troisième République restent pour beaucoup de spécialistes les causes principales de la plus grande Insurrection qu'a connue l'Algérie durant l'occupation avant 1954, plus grande même que la Résistance de l'Emir.

Bien sûr il faut prendre en considération la coïncidence des faits avec l'avènement de la Commune de Paris.

Comme détail aussi, doit-on mentionner, avant cela une raison de la participation faible de l'Ouest très démuni, en cette guerre, selon certaines sources : la famine de 1866-1867 qui a frappé le pays, notamment en la partie Ouest, a vu la mort d'environ le tiers de la population algérienne (1), élément crucial en cette guerre.

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L'Émir Khaled, le premier Nationaliste Algérien(2):

L'Émir Khaled pour beaucoup d'historiens est le père du nationalisme algérien, et la figure de proue du mouvement jeunes-algériens.

Evoquons donc certains épisodes de l'itinéraire, seules nécessaires à notre analyse, de ce fameux Leader algérien.

L'Émir Khaled a étudié à l'Ecole des officiers militaires Saint-Cyr, sur insistance de son père l'Emir Hachemi. Par la suite, il a refusé de se naturaliser français, ce qui montre une opposition certaine au système coloniale. Un des évènements de son parcours est la participation avec son régiment, aux évènements du Maroc 1907. En 1914 l'Émir Khaled s'engage de sa propre initiative dans l'armée française pour défendre la Nation durant la guerre.

Action de courage, bien qu'il soit fonctionnaire à l'armée française, il envoie une lettre au président Willson pour demander que l'Algérie soit représentée à la ligue des nations indépendamment de la France. (3) (il s'adapte aux circonstances dans sa lutte, le fait de s'engager à l'armée française n'est nullement équivalent de quelconque alignement, bien qu'elle soit une position non-confortable).

L'Emir Khaled avait devant lui une réalité et une administration à confronter et certainement il ne pouvait faire plus dans ces circonstances.

Cela peut être également projeté, d'une manière ou d'une autre, sur les officiers indigènes, et même naturalisés français, ralliés à l'Armée de Libération Nationale, avant le cessez-le feu.

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La lutte de Ferhat Abbas peut aussi susciter des débats surtout avant 1945, où ses idées étaient nuancées par rapport au nationalisme, notamment si on se rappelle son fameux article, dans la Défense, "La France c'est moi!". (Article controversé).

À tort ou à raison, nous, nouvelles générations, du fait d'un héritage réflexif de nos pères surtout, accusions les hommes du pouvoir, militaires notamment, d'être des serviteurs de la France, Hizb Farança (Parti de France) comme on les appelle.

De ma part, je considère que nous pouvons être politiquement opposés à ces officiers qui ont pris le pouvoir d'une manière apparente depuis 1992, et les accuser également de corruption, mais le fait de remonter leurs itinéraires à la période 1954-1962, qui me paraît partial au regard de ce qui vient d'être relaté, cause, principalement deux répercussions, pour le moins dangereuses :

1 - ce fait de qualification d'agents français, d'une classe bien large, qui, à certains moments, détenait la direction de la presque totalité de l'armée, et par conséquent de l'état algérien, à cause de la nature même du système algérien post-indépendance, remet en cause la légitimité même de l'état, et plus grave encore, de la nation.

2 - Vivions-nous dans un état de trahison ? Et si oui est la réponse, à quel niveau peut-on évaluer notre rôle, à cause de la non-action face à ce fait grave, à moins que les traîtres, outre à la force mise à leur disposition, sont si nombreux plus même que les "nationalistes" et par conséquent, s'appuyant sur la démocratie ils constituent la majorité qui a le droit de choisir, même que l'état soit assujetti! Certainement, c'est absurde.

Nous devons être plus conscients de nos analyses et hypothèses

_____________________

À la lumière de ce qui vient d'être relaté nous pouvons pour le moins avoir un constat :

- Il est évident que ces militaires n'ont pas de repères idéologiques, des intellectuels qui les conseillent, pour exploiter ou plus même ces fragments, je dis bien fragments, de l'histoire des ces grands messieurs de l'histoire algérienne, pour dire ainsi nous ne sommes pas différents de ces héros historiques. Heureusement que cela n'a pas était exploité ainsi, sinon l'histoire de l'Algérie aurait été souillée une fois de plus.

Nous entendons par Intellectuels au Service de la promotion idéologique des régimes, des personnalités come : HASSANIN HAYKAL et TOUFIK EL-HAKIM en Egypte, Michel Aflak, un des fondateurs de l'idéologie du Baath en Irak et en Syrie, ou Bernard Henri Levy (BHL) en France, d'une manière relative bien sûr.

Les pays qui ont entamé une compagne de vengeance après une guerre, l'ont payé, et assument les mauvaises répercussions à nos jours ; la France avec le gouvernement Maréchal Pétain, les printemps arabes et la Libye constituent des bons exemples.

Je suis favorable à la justice mais avec des preuves, d'ailleurs nous nous accusons dans nos débats de traîtres. C'est parce que nous n'avons pas atteint un niveau d'acceptation mutuelle; cela nécessitera un peu plus de temps comme c'était le cas des pays européens si nous les prenons comme exemple, la gauche et la droite en France, révolutionnaires et Monarchistes, qui s'entretuaient même, à un certain moment, ont compris que personne ne pourra anéantir l'autre.

C'est pour dire, si on juge ces officiers de cette manière, il n'y a pas lieu à procéder à deux poids de mesure, cela doit tomber sur l'ensemble des leaders; ou bien exclu pour les uns comme pour les autres

Il faut accepter l'autre. Certains pensent que l'Algérie est un pays Amazigh-Arabe musulman, pourquoi faire des concessions!

Les partisans de l'autre vision, disent : ces réactionnaires ne s'attachent pas à l'esprit de la religion mais plutôt à la forme. Ils ne méritent même pas d'être entendus!

Certainement nous n'avons pas atteint le niveau de la guerre civile libanaise, tueries et intervenants qui sont arrivés à s'allier à Israël et leurs opposants, ils ont fini par s'assoir sur une table, ni même la situation de l'Irlande. Donc nous avons bien des chances à redresser la situation.

En Algérie, après 1988-1992, et même après, c'est surtout à cause de l'anarchie qui régnait au pays, qu'on ne peut chercher des intellectuels parrains, à l'exception de certains Laïcards.

Mais peut-être les choses se préparent doucement, dans ce but, sans qu'on s'aperçoive.

Dans la deuxième partie nous évoquerons l'histoire des DAF (déserteurs de l'armée française) avec plus de précision, dans une approche historique-comparative, surlignant la culture d'Instrumentalisation de la religion après l'indépendance.

Oudainia Khalil (20-08-2012)
traducteur et Historien

 

Notes :

(1) : Djilali Sari – Algérie pérennités et résistances (OPU 2002).

(2) : le sous-titre est tiré d'un article de Robert Ageron, in Revue de l'Occident musulman

(3) : Mahfoud Keddache, L'Emir Khaled. (OPU 2009).

 

émir Khaled Meynier

 

- suite de ce article (28 décembre 2012)

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27 novembre 2012

Obsèques de M. de Raymond, commissaire de la République au Cambodge, le 1er novembre 1951

CA-51-25-R10
Obsèques de M. de Raymond, commissaire de la République au Cambodge, le 1er novembre 1951,
en présence du roi du Cambodge, M. Norodom Sihanouk, et du général d'armée de Lattre de Tassigny,
haut-commissaire de France en Indochine et commandant en chef en Indochine.

 

- à la suite de la publication des deux artiicles suivants sur notre site :

- http://etudescoloniales.canalblog.com/archives/2008/06/09/9515231.html (9 juin 2008)

- http://etudescoloniales.canalblog.com/archives/2009/01/20/12158265.html (9 janvier 2009)

Nous éditons la mise au point suivante :

 

__________________________

 

Mise au point

Les propos de la rubrique «Commentaires sur Indépendance du Cambodge. Histoire officielle, histoire secrète» ci-dessus [cf. articles référencés], exigent une mise au point devant des insinuations infondées et indignes.

Le Gouverneur Jean L. de Raymond, Commissaire de la République au Cambodge depuis mars 1949, a été assassiné le 29 octobre 1951 à l’Hôtel du Commissariat de la République par un domestique vietnamien engagé depuis un mois en remplacement d’un agent qui avait demandé son affectation à Saïgon.

Ce nouveau domestique  n’avait pas été soumis au contrôle de sécurité du Commissariat. Or il avait adhéré au Comité des démarches du Viet-Minh de Phnom Penh depuis février, avait reçu une formation politique en mars et était inscrit au Parti communiste depuis septembre.

Il s’associa un Chinois appartenant au même Parti, un autre Chinois et un boy vietnamien du Commissariat en vue d’effectuer l’attentat qui avait été décidé depuis plusieurs semaines par le chef de la Section de contrôle de ce Comité où il participa à une réunion le 28 octobre. Ce domestique vietnamien commit le crime le lendemain avec le Chinois pendant la sieste de Jean L. de Raymond et déroba des documents avant de rejoindre le Nord Vietnam.

Les meurtriers ont été condamnés à mort par contumace par le Tribunal militaire de Phnom Penh, et le complice vietnamien du Commissariat, à dix ans de travaux forcés et vingt ans d’interdiction de séjour. L’identité des terroristes, les interrogatoires de ceux qui furent arrêtés par la police, les messages du Viet-Minh interceptés et les documents saisis par les services de sécurité français  sont  conservés dans les fonds des Archives nationales.

Le Viet- Minh félicita «l’agent des cadres du Nambo» et donna l’instruction de ne pas divulguer l’information dans des zones dont les habitants «avaient quelque sympathie pour la politique khmérophile de M. de Raymond». Le meurtrier précisa qu’il n’avait pas agi par haine personnelle car «M. de Raymond  avait été un très bon maître, mais bien pour l’intérêt général et pour celui de la résistance ». L’assassinat aurait été «désapprouvé» par le Comité des cadres du Cambodge dont le chef, qui l’avait commandé, a été limogé.

Le Commissaire de la République s’était attiré la sympathie des Cambodgiens et celle des Indochinois avec qui il avait eu depuis longtemps à coopérer et à négocier, comme l’attestent de multiples témoignages. Cet attentat provoqua une grande émotion et «l’indignation unanime de tout le Royaume» selon les termes du Président du Conseil, notamment à Phnom Penh où le Commissaire de la République était très estimé et où sa bonté était connue, au point que sa confiance a été trompée.

Le roi Norodom Sihanouk pleura ; il rappela les «qualités de courtoisie et le sens élevé de l’humanité» dont  faisait preuve le gouverneur de Raymond qui était «un des rares Français ayant toujours su lui dire avec courtoisie, la vérité, ce qui a évité beaucoup de déboires au Cambodge», et il témoigna : «son nom est intimement lié à l’indépendance de mon Royaume dont il est un des artisans français». Le Souverain le cita à l’ordre du Cambodge. Il voulut même faire supprimer, en signe de deuil, les cérémonies traditionnelles du «Tang Tôc» et il fit annuler les réjouissances populaires organisées devant le Palais et au Phnom.

La  vie et l’œuvre du gouverneur Jean L. de Raymond, Mort pour la France, seront mieux connues grâce à sa biographie complète en préparation, qui en précisera les réalisations et présentera les témoignages utiles à l’histoire.

Jean-François de Raymond
fils de Jean L. de Raymond,
docteur d’État ès-lettres et sciences humaines,
professeur d’université honoraire, ancien diplomate
(novembre 2012)

 

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26 novembre 2012

un film sur l'exode des Pieds-Noirs

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diffusion du film : reportage

 

Nous nous sommes rendus  à Alicante, pour la diffusion du film La valise ou le cercueil et par la même occasion nous vous offrons un petit reportage sur ces 3 journées de rencontres.

À voir absolument en cliquant sur ce lien : FAIRE CIRCULER SANS MODÉRATION.

Merci.

REPORTAGE34 SARL

11, route des Jardins de Maguelone
MAURIN - 34970 LATTES
Tél : 04.67.27.87.26

Commandez votre coffret DVD par internet : AMAZON.FR

valise

 

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- Il y a quelques critiques historiques à adresser à ce film (imprécisions chronologiques et autres), mais il fait écho à une "mémoire" douloureuse qui n'a pas assez trouvé les vecteurs pour s'exprimer. Il faut le soutenir.


Études Coloniales

 

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25 novembre 2012

les Archives d'outre-mer (Aix-en-Provence) : un site en anglais

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une version en langue anglaise du site des

Archives nationales d'outre-mer

 

- Pour accroître leur rayonnement qui est d'ores et déjà international, les Archives nationales d'outre-mer, installées à Aix-en-Provence, mettent désormais à disposition leur site en anglais. En effet, une part non négligeable de leurs lecteurs vient de l'étranger, au premier rang desquels les chercheurs américains.


- site en langue française

- site en langue anglaise

 

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édifice et parking des Archives nationales d'outre-mer

 

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salle de lecture des Archives nationales d'outre-mer

 

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21 novembre 2012

Joseph Sanchez, goumier au Maroc, mort en 1955

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Joseph Sanchez, légionnaire, tirailleur

et Goumier marocain (1915-1955)

 dossier historique et mémoriel, par son petit-fils

 

- "Je suis le petit-fils de Joseph Sanchez, adjudant dans les goums Marocains, chevalier de la Légion d'honneur, mort pour la France le 9 novembre 1955 à l'âge de 40 ans. J'ai voulu ici rendre hommage au soldat, au grand-père que je n'ai jamais connu, à ma grande mère pour son dévouement et les épreuves qu'elle a subies suite à cette disparition tragique.

Par les documents et les photos en ma possession je vous propose de vivre la carrière d'un soldat exceptionnel qui a passé plus de 20 années au sein de l'armée et notament aux Goums Marocains, participant à près d'une vingtaine de campagnes, à de nombreux conflits, en Italie, France, Indochine, Vietnam, Tunisie, Algérie, Maroc, Cochinchine, Laos etc...

L'adjudant Sanchez Joseph du 66eme Goums des Tabors Marocain perdit la vie à seulement soixante kilomètres de chez lui. Sur la terre Marocaine au sud-est de TIZI OUSLI quelque part dans le Rif."

- se rendre sur le site

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quelques cartes postales anciennes sur les goumiers

 

Goumier 1

 

Goumier 2

 

Goumier 3

 

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Goumier 5

 

Goumier 6

 

Goumier 7

présentation iconographie : Études Coloniales

 

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7 novembre 2012

Si Kaddour Ben Ghabrit, un "juste parmi les nations" ?

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La Mosquée de Paris a-t-elle sauvé des juifs

entre 1940 et 1944 ?

une enquête généreuse mais sans résultat

Michel RENARD

 

Le journaliste au Figaro littéraire, Mohammed Aïssaoui, né en 1947, vient de publier un livre intitulé L’Étoile jaune et le Croissant (Gallimard, septembre 2012). Son point de départ est un étonnement : pourquoi parmi les 23 000 «justes parmi les nations» gravés sur le mémorial Yad Vashem, à Jérusalem, ne figure-t-il aucun nom arabe ou musulman ?

Il mène une enquête, cherche des témoins ou des descendants de témoins, évoque la figure de Si Kaddour Ben Ghabrit, directeur de l’Institut musulman de la Mosquée de Paris de 1926 à 1954, fait allusion à d’autres personnages qu’il a rencontrés, et plaide pour une reconnaissance mémorielle d’actes de solidarité, de sauvetage, de juifs par des musulmans durant cette période. Et pour leur reconnaissance et inscription sur le mémorial de Yad Vashem.

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mémorial Yad Vashem

Cet ouvrage est fréquemment mentionné par voie de presse, avec force sympathie. Mais… rares sont les critiques, positives ou négatives, réellement argumentées. On a le sentiment que ce livre est légitime, généreux, qu’il «tombe» bien en cette période.
C'est ce que le sociologue américain Merton avait repéré dans les phénomènes d'identification et de projection même si le rapport à la réalité est totalement extérieur. Aujourd'hui, l'Arabe musulman, sauveur de juifs, devient un type idéal auxquels de nombreux musumans ont envie de croire. La réalité n'est pas celle-ci, mais peu importe ! On reproduit la quatrième de couverture du livre (qu'on n'a pas lu), on ose quelques citations d’extraits… Mais personne ne se hasarde à une évaluation de la validité historique de sa teneur.

Compliments

Commençons par les compliments. Et pas seulement pour contrebalancer, de manière formelle, les critiques qui vont suivre… Ce livre a des qualités. Il est passionné. Mohammed Aïssaoui, tel un Tantale ne cesse de remonter le rocher contre l’oubli. Il cherche, s’évertue à prolonger les moindres pistes, ne renonce pas devant les échecs partiels, interroge et ré-interroge, fouille des archives, se déplace en France et au Maghreb. Le sujet lui tient à cœur. Il a également des qualités morales, n’hésitant pas à critiquer l’antisémitisme d’une partie du monde arabe et musulman, se sentant dépassé par la haine anti-juive et le pro-hitlérisme du mufti de Jérusalem, Hadj Amin al-Husseini (1895-1974), encore considéré comme un héros par beaucoup.

Mohammed Aïssaoui est un humaniste. Il est intérieurement remué devant la modestie et la discrétion publique d’hommes ou de femmes qui devraient être considérés comme des héros. Il est sensible au moindre geste d’altruisme et de désintéressement.

Il a lu, comme moi, avec émotion et engouement le livre d’Ali Magoudi, Un sujet français (2011) sûrement frappé par «l’autopsie du silence paternel» (p. 59 du livre d'Ali Magoudi) et ses raisons profondes : «Pris par la nécessité d’occulter ses faits de collaboration, mon père a caché tout événement qui l’aurait trahi. Il a omis de nous raconter Pruszków, quitte à inventer un camp de concentration et une évasion héroïque sur un chariot de morts, version plus glorieuse qu’une libération pour cause de collaboration» (p. 328).

Sincèrement, je crois qu’il a manqué à Mohammed Aïssaoui un peu de cette réserve devant les témoignages dont Ali Magoudi a fait une tension intellectuelle sans faille. L’Étoile jaune et le Croissant veut, à tout prix, trouver des «justes parmi les nations», des musulmans qui auraient sauvé des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale en France.

Quels témoins ?

Mais il n’en trouve guère. Les comptes rendus, dans la presse, disent qu’il a sollicité des «interlocuteurs célèbres comme Elie Wiesel, Serge Klarsfeld et Philippe Bouvard». Mais aucun de ces trois personnages ne témoigne en faveur d’une activité organisée de la Mosquée de Paris. Wiesel (p. 17-18) est rencontré à titre de témoin du génocide en général et de la transmission de la mémoire. Rien à voir avec la Mosquée de Paris. Klarsfeld explique que pendant quelques mois, il a eu «une mère algérienne et musulmane… appelée Mme Kader» (p. 25). Durant l’Occupation, dit-il, «elle a bénéficié de faux papiers avec un prénom et un nom arabe» délivrés «par une filière classique de faussaires» (p. 25). Donc, pas de rapport, a priori, avec la Mosquée de Paris. Plusieurs filières de délivrance de faux papiers ont existé sous l'Occupation, certaines résistantes et d'autres simplement mercantiles.

Le cas de Philippe Bouvard est différent. Son père adoptif, Jules Luzzato, juif, petit-fils de rabbin, fabriquait des costumes civils pour des déserteurs allemands. Dénoncé et arrêté, il est finalement délivré suite à une démarche de la mère de Philippe Bouvard auprès de Si Kaddour Ben Ghabrit.

«Avec ma mère, ajoutait-il, on se cachait, on a peut-être changé une dizaine de fois de domicile. Non, je ne me souviens pas que nous nous soyons cachés à la Mosquée. Mais j’y allais souvent, tout m’y semblait exotique, c’était, pour moi, le grand dépaysement en prenant simplement le métro jusqu’à Jussieu. Je pense que ce qui rapprochait ma mère et Si Kaddour, c’était la littérature, la culture et la musique. Son salon était très vivant.» (p. 68).

Geste noble de la part de Si Kaddour, mais peut-être seulement motivé par une espèce de connivence intellectuelle, une accointance de salon. Cela étant, il l’a fait.

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Si Kaddour Ben Ghabrit

Quels autres témoins, Mohammed Aïssaoui peut-il mobiliser ?  Il y a en a une, du nom d’Oro Boganim, infirmière à l’hôpital franco-musulman, dont le fils Michel Tardieu, rapporte que Si Kaddour l’a appelée un jour pour lui dire : «les Allemands sont en train de regarder les dossiers du personnel de l’hôpital, ils vont se rendre compte que tu es juive. Sauve-toi tout de suite !» (p. 43). Michel Tardieu dit que «Si Kaddour a sans doute aidé sa mère à sortir, mais je ne sais pas comment» et que son père, Noël Tardieu, français et catholique, l’a ensuite rejointe au Maroc.

Mohammed Aïssaoui cite également un auteur marocain d’une biographie de Si Kaddour, Hamza ben Driss Ottmani, évoquant le cas d’une pianiste sauvée par le recteur de la Mosquée de Paris. Elle s’appelait Georgette Astorg, son nom de jeune fille étant Zerbib : «Après s’être renseigné, Si Kaddour aurait décidé de l’abriter au sein de la Mosquée pendant quelques jours, puis aurait facilité son transfert en zone libre, à Toulouse» (p. 62).

Tout cela est peut-être vrai. Mais les preuves sont ténues et non corroborées.

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Le documentaire de Derri Berkani (1990) et ses témoins

Jusqu’alors, le poids principal des témoignages reposait sur les personnages intervenant dans le documentaire de Derri Berkani, Une résistance oubliée, la Mosquée de Paris de 40 à 44 (La Médiathèques des trois mondes, 1990)… que j’ai eu la prescience d’acheter moi-même quand on le trouvait encore à la librairie de l’Institut de Monde Arabe il y a quelques années…

Le témoin principal justifiant une activité de sauvetage d’envergure de juifs par la Mosquée de Paris était Albert Assouline. Ce dernier, abrité lui-même par la Mosquée sous l’Occupation avait déjà parlé de tout cela en 1983. Mohammed Aïssaoui le cite (c’est aussi dans le documentaire filmé) : «Pendant toute la dernière guerre, la Mosquée de Paris ne cessa d’apporter son aide à la résistance contre l’Allemagne nazie. Pas moins de 1732 résistants trouvèrent refuge dans ses caves : des évadés musulmans mais aussi des chrétiens et des juifs. Ces derniers furent de loin les plus nombreux» (p. 105). Le chiffre de 1732 serait établi à partir des cartes de rationnements distribuées par la Mosquée. Quelles sources à cette affirmation quantitative… ?

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Albert Assouilne

La même année, Albert Assouline livrait ce témoignage dans le bulletin Les Amis de l’Islam, n° 11, 3e trimestre (disponible aux Archives départementales de la Seine-Saint-Denis à Bobigny) : «C'est dans le sous-sol de cette Mosquée si paisible jusqu'alors que, pendant l'occupation nazie, se réfugièrent de nombreux hommes, femmes et enfants ; beaucoup d'entre eux étaient des juifs d'Afrique du Nord, des communistes ou des francs-maçons que le gouvernement de Vichy avait mis hors-la-loi, sans compter des évadés d'Allemagne et des aviateurs anglais. L'accueil réservé à une fillette de 12 ans nommée Simone Jacob n'a pas été oubliée : elle est devenue Simone Veil.»

Tout cela est invérifiable et même en partie démenti. D’où vient ce chiffre de 1732 cartes de rationnements ? Comment la Mosquée se les aurait-elle procurées ? Qui en aurait bénéficié ?

 

Personne n’a jamais témoigné

Personne n’a jamais témoigné avoir été abrité dans ces caves ou sous-sols de la Mosquée. Dalil Boubakeur répond à Mohammed Aïssaoui : «Il y a bien des caves ! Mais pas de sous-sols censés communiquer avec la Bièvre ! Quand je suis arrivé, j’ai bien trouvé un panneau sur lequel était indique le mot "ABRI", une protection dans les sous-sols en cas de bombardements de Paris par les avions alliés. La confusion vient peut-être de là… C’était un refuge réquisitionné pour la population du quartier pendant l’Occupation, mais impossible d’abriter là-dessous 1700 personnes» (p. 77).

Quant à Simone Veil qui aurait été sauvée par la Mosquée de Paris, selon Albert Assouline, Dalil Boubakeur répond : «C’est [l’imam Mohamed Benzouaou] qui serait à l’origine de la fable selon laquelle Simone Veil a été sauvée par la Mosquée de Paris» (p. 100).

stèle Benzouaou en 1998
stèle de Mohhmed Benzouaou au cimetière de Bobigny (photo MR, mars 1998)

De mon côté, j’avais remarqué depuis longtemps l’impossibilité chronologique de ce «sauvetage» de Simone Veil par la Mosquée et lui avais écrit à ce sujet. Je l’avais déjà mentionné allusivement et sans trop de précision. Mais voici sa lettre. Elle m’avait répondu :

- «Je vous remercie d’avoir pris soin de vérifier cette affirmation qui vous a paru contradictoire avec les éléments biographiques me concernant qui figurent dans le livre de Maurice Szafran. En effet j’ai eu l’occasion à diverses reprises de démentir la rumeur et les écrits de M. Assouline selon lesquels j’aurais été cachée à la Mosquée de Paris.
Née à Nice, j’ai toujours vécu dans cette ville jusqu’à mon arrestation le 30 mars 1944, à l’exception de quelques déplacements très brefs à Paris avant la guerre pour rendre visite à des membres de ma famille.
À l’exception du transfert de Nice à Drancy au début du mois d’avril 1944, je ne suis jamais allée à Paris pendant la guerre. Tout ce que je peux dire des écrits de M. Assouline, c’est qu’il n’est pas théoriquement impossible qu’une fillette de 12 ans, portant les mêmes nom et prénom ait été effectivement cachée à la Mosquée.
N’ayant pas les coordonnées de M. Assouline (je ne savais d’ailleurs pas jusqu’à ce jour qu’il était à l’origine de cette information inexacte), je n’ai jamais pu rétablir la vérité. Je vous serais obligée, si vous en avez l’occasion de bien vouloir le faire.» (lettre de Simone Veil, du 8 février 2005).

Simone_Veil_s
Simone Veil

Le témoignage d’Albert Assouline n’est donc pas crédible et doit susciter la méfiance de l’historien. Comme le dit le recteur Dalil Boubakeur, il s’agissait d’un homme «au cœur très généreux, très imaginatif» (p. 81). Peut-être trop imaginatif ?

Le documentaire de Derri Berkani, comme le film d'Ismël Ferroukhi, Les hommes libres (septembre 2011), mettent en avant la figure du chanteur juif Salim (Simon) Halali qui aurait été sauvé grâce à la délivrance d’une attestation de musulmanité délivrée par Si Kaddour qui aurait fait modifier l’inscription d’une stèle funéraire au cimetière musulman de Bobigny pour y porter le nom de Halali. Mohammed Aïssaoui, dans son livre, précise qu’il a cherché cette tombe et ne l’a pas trouvée : «Par acquit de conscience, je me suis rendu au cimetière de Bobigny. Il est impossible de savoir si un jour il y a eu ici une tombe au nom du père de Salim Halali. La légende est belle, mais est-elle vraie ?» (p. 108).

De mon côté, dans mes investigations sur les inhumés du cimetière musulman de Bobigny, devenu aujourd’hui cimetière intercommunal, je n’ai jamais rencontré de Halali.

cimetière Bobigny en 1998
vue partielle du cimetière musulman de Bobigny (photo MR, mars 1998)

 

Que reste-t-il ?

Mohammed Aïssaoui a trouvé des archives – que j’ai lu et enregistrées il y a déjà longtemps déjà… mais pas encore publiées – relatives à l’activité de la Mosquée de Paris entre 1940 et 1944. Il les cite mais n’en tire guère de conséquence logique.

Quand Si Kaddour Ben Ghabrit est plus ou moins accusé de collaboration en 1944, il rédige et fait rédiger en septembre trois notes remises au capitaine Noël, officier d’ordonnance du général Catroux : l’une de lui-même, l’une de Rageot, consul de France au ministère des Affaires étrangères et l’autre de Rober Raynaud, chargé des fonctions de secrétaire général de l’Institut musulman depuis 1926 par le même ministère des Affaires étrangères (Mohammed Aïssaoui cite en partie la première).

Or, à aucun moment, ces trois mémoires en défense ne font allusion à ce sauvetage massif de juifs et de résistants dont la Mosquée aurait été l’auteur. Le seul axe de parade est d’expliquer comment Ben Ghabrit a su jouer des demandes allemandes sans les satisfaire.

Comme l’explique Rageot : «À ces dispositions successives des autorités d'occupation, comment y a-t-il été répondu par la Mosquée?
Tout d'abord et d'une manière générale, par les façons courtoises et la correction absolue du directeur et du personnel. Je dois dire que j'ai moi‑même été tenu au jour le jour exactement informé de ce qui se passait, coups de téléphone, demandes d'audience, conversations, démarches, etc... et que M. Ben Ghabrit et moi nous sommes régulièrement concertés sur l'attitude à observer et les réponses à faire. Nous ne pouvions demeurer invulnérables qu'à deux conditions : rester sur le terrain religieux et nous abstenir de toute politique. M. Ben Ghabrit y a parfaitement réussi.

Sur le terrain cultuel, en multipliant son aide et ses soins aux musulmans, prisonniers ou civils qui ont afflué à la Mosquée chaque année de plus en plus nombreux.

Sur le terrain politique, en s'abstenant de prendre parti dans les questions touchant à la collaboration, au séparatisme, au Destour et d'une façon plus générale, de répondre aux attaques dont la Mosquée a été l'objet de la part de musulmans à la solde de l'ambassade. Jamais, en cette matière, M. Ben Ghabrit ne s'est laissé prendre en défaut et il a su imposer la même discipline à son personnel religieux. En cela il s'est attiré personnellement et à plusieurs reprises l'animosité des autorités allemandes.» (Archives Nationales).

Au vu de la prudence ici rapportée, et de la surveillance dont la Mosquée faisait l'objet par les autorités allemandes, il semble difficile d'imaginer ces centaines de sauvetage, ces allées et venues... qui n'auraient jamais donné lieu à des arrestations.

 

Quelques erreurs

Mohammed Aïssaoui commet parfois quelques confusions. Par exemple entre la Brigade Nord-Africaine, la branche policière du Service de surveillance et de protection des Indigènes nord-africains, de la rue Lecomte, créée en 1925, et le «Comité Musulman de l'Afrique du Nord» créé par l’algérien musulman collaborateur El-Mahdi sous l’Occupation (p. 147-149).

Autre imprécision. L’échaudoir musulman (p. 130). Je raconterai cette histoire ailleurs. Mais le contentieux date d’avant la guerre. La Préfecture avait accordé, sans formalisme administratif un agrément pour l’exploitation d’un échaudoir (lieu de sacrifice rituel pour les musulmans) dès le 12 juin 1939 à Si Ahcène Djaafrani, leader de la confrérie Al-Alaouia à Paris depuis des années.
En fait, cette autorisation fut officiellement attribuée à la Mosquée de Paris, seul organisme musulman reconnu officiellement par les autorités métropolitaines. Mais cette substitution d’attribution fut conflictuelle. Et il est vrai que Si Kaddour n’usa point que d’arguments moralement dignes… Mais la police n’a pas grand chose à lui reprocher. En tout cas, cela n’a rien à voir avec la collaboration.

 

«pas de témoins directs»

Finalement Mohammed Aïssaoui, non seulement n’a pas été capable de fournir, au terme de sa quête, de témoignages vraiment irréfutables, mais il a même en partie déconsidéré ceux qui existaient préalablement (Salim Halali, Albert Assouline…) – ce que je savais déjà…. Et il avance, en plus, la preuve (p. 93-96) que Ben Ghabrit n’a pas toujours répondu en faveur de juifs dont le Commissariat aux Questions Juives lui demandait s’ils étaient musulmans ou non. Jean Laloum, chercheur au CNRS, a publié un article à ce sujet dans Le Monde du 7 novembre 2011.

Mohammed Aïssaoui finit par reconnaître : «Je n’ai pas à proprement parler de témoins directs» (p. 171). D'ailleurs l'auteur ne mentionne qu'allusivement, et sans jamais s'appuyer sur lui, le film Les hommes libres d'Ismaël Ferroukhi (septembre 2011) parce qu'au terme de son enquête il sent bien que cette production est totalement fictionnelle et ne repose sur rien de tangible.

Au final, la probabilité de vérité historique de sauvetage de juifs par la Mosquée de Paris se réduit peut-être à quelques cas – pour lesquels, cependant, aucune preuve ne peut être fournie sans conteste et sans croisement de sources – due à l’intervention personnelle de Si Kaddour Ben Ghabrit dont les motivations restent obscures.
Des présomptions mais pas de preuves. Jamais le personnage n’a revendiqué, après guerre, ces interventions. Si Kaddour Ben Ghabrit n’a pas été un collaborateur mais il est, pour le moment du moins, quasiment impossible de le considérer comme un «juste parmi les nations».

Michel Renard
7 novembre 2012

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Mohammed Aïssaoui

 liens

- http://etudescoloniales.canalblog.com/archives/2011/10/09/22292189.html

- http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/11/07/la-mosquee-de-paris-sous-l-occupation_1599082_3232.html

- http://etoilejaune-anniversaire.blogspot.fr/

 

couv Mohammed Aïssaoui

 

__________________________________

 

précision

Mon collègue Maxime Gauin me signale ceci à propos de la mention de musulmans au mémorial de Yad Vashem :

- «Son point de départ est un étonnement : pourquoi parmi les 23 000 "justes parmi les nations" gravés sur le mémorial Yad Vashem, à Jérusalem, ne figure-t-il aucun nom arabe ou musulman ?» S'il a vraiment écrit ça, c'est un ignorant. Selahattin Ülkümen (1914-2003), consul de Turquie à Rhodes pendant la Seconde Guerre mondiale a été reconnu comme Juste parmi les nations en 1990. http://www1.yadvashem.org/yv/en/righteous/stories/ulkumen.asp Un dossier est en cours pour l'ambassadeur turc à Paris, le consul à Marseille et quelques autres. 65 Albanais (en majorité musulmans) ont été faits Justes parmi les nations en 2010 : http://www.amb-albanie.fr/press.html

 

 

 

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4 novembre 2012

Tu l’as bien cherché Longuet

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Oui, nous devons demander pardon...

Daniel LEFEUVRE

 

Quelle honte ! Tu l’as bien cherché Longuet, ce seau de déjections qui tombe sur ta tête.

Quoi ! Un bras d’honneur pour toute réponse à cette légitime revendication de repentance, exigée de la France par le ministre algérien des moudjahidin !

Parce qu’enfin, il faut bien que la France s’agenouille, n’a-t-elle pas d’ailleurs commencé à le faire, pour tous les malheurs dont elle fut la cause.

Oui, nous devons demander pardon pour ces génocides, perpétrés pendant cent trente années de colonisation, qui ont conduit à un triplement de la population indigène.

Oui, nous devons demander pardon au FLN pour l’avoir contraint, pendant la guerre d’Algérie, à massacrer des dizaines de milliers d’Algériens — hommes, femmes et enfants — qui refusaient de se plier à sa loi et à ses exigences.

Pardon d’avoir forcé cette grande organisation démocratique à mener à coups d’enlèvements, d’attentats, de tortures et d’assassinats, une guerre d’épuration ethnique. Il fallait bien contraindre les Européens à fuir l’Algérie, pour que le colonisé puisse coucher dans le lit du colonisateur.

D’ailleurs, ces pieds-noirs n’étaient-ils pas des occupants ? Bon, d’accord, la plupart étaient nés en Algérie, de parents et, souvent, de grands-parents eux-mêmes nés sur place. Mais Gérard, quand comprendras-tu que la nationalité de la «troisième génération» ne vaut que pour les descendants d’immigrés installés en France ?

 

Pardon d’avoir laissé sur place

Pardon d’avoir laissé sur place, en 1962, une infrastructure routière, ferroviaire, aéroportuaire, scolaire, agricole et industrielle à nulle autre pareille en Afrique.

Pardon d’avoir ouvert notre marché aux produits algériens et pardon de les avoir payés à des prix beaucoup plus élevés que les cours mondiaux, pétrole et gaz compris des années durant.

Pardon aussi, pour avoir accueilli entre 1962 et 1967, à la demande de Bouteflika, 300 000 Algériens — dont de nombreux anciens dirigeants nationalistes — venus travailler et résider, ou se réfugier, dans une France coloniale et raciste.

Pardon, encore, et jamais assez, pour avoir délivré aux apparatchiks du régime, le premier d’entre eux en tête, des permis de séjour pour se soigner dans les hôpitaux parisiens.

Pardon d’avoir introduit le poison de la démocratie et de la liberté de la presse en Algérie, dont le FLN a eu tant de mal à se débarrasser.

Pardon pour être de toute façon, toujours et pour toujours, responsable de cinquante ans de gabegie, de détournement de fonds, de mépris du peuple, de répression contre les opposants, d’asservissement de la femme aux contraintes patriarcales et islamiques. Tout cela, comme le chômage qui frappe 40 % des jeunes, le manque de logements et d’eau courante, ne saurait connaître d’autre explication que l’héritage colonial.

La meute a donc raison, Gérard, de te clouer au pilori médiatique. Ce bras d’honneur est inexcusable. Surtout pour ceux qui ont perdu le sens de l’honneur et de la France.

Daniel Lefeuvre
professeur d'histoire contemporaine
à l'université Saint-Denis/Paris VIII
texte envoyé à Robert Ménard pour le site
boulevard Voltaire

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On s'acharne sur Gérard Longuet qui dit aux autorités algériennes : cessez de nous prendre pour des imbéciles, de travestir l'histoire, de faire d'un prétendu "génocide" une rente de situation pour camoufler votre impéritie depuis 50 ans ; mais on a laissé passer le "Nique la France" de la dirigeante des prétendus "Indigènes de la République", salariée de l'Institut du Monde Arabe qui vit des subventions étatiques de la République. Cela suffit !

Michel Renard

9782081213067 

 

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